Plaidoyer contre l’homophobie chez Les Témoins de Jéhovah

Au commencement, il y avait le désir qui grandissait dans le sol fertile de la potentialité. Le désir fut la première graine de l’esprit. Chaque plante, animal ou humain générait sa propre mécanique d’autosatisfaction en atteignant un pouvoir d’organisation sans limites. Ce pouvoir mis en lumière par la découverte des gènes altruistes et égoïstes, aide à mieux comprendre notre humanité.

En effet, nos rêves et nos désirs suivent le flux de la vie, sans effort. Ils s’écoulent par le même chemin de la nature. Après tout, comme nous, les animaux et les végétaux absorbent l’oxygène et rejettent le gaz carbonique. Après tout, comme nous, ils sont composés des mêmes éléments chimiques, et de la même structure d’ADN. En quoi leur comportement saurait être différent de l’espèce humaine ?

Tout comme l’hermaphrodisme, le gonochorisme est observé aussi chez les plantes, les insectes, les mammifères, les amphibiens et les oiseaux. Le gonochorisme se réfère à un mode de reproduction sexuel où il n’y a que deux sexes et chaque organisme individuel est mâle ou femelle. Cependant, pour l’autre, le même individu hermaphrodite apporte les deux gamètes, mâles et femelles.

Non seulement, les plantes et les animaux ont des comportements homosexuels, mais ils arrivent à se reproduire en suivant des schémas de préservation d’espèce, de sélection, de comportement asexué que l’on qualifie de normale et naturelle. Pourtant, l’homme étant une espèce privilégiée qui partage presque toutes les caractéristiques du règne animal et végétal, ne diffère de ces derniers que par sa conscience.

Ainsi, certains animaux, plantes et même Jéhovah, pour la création de son fils Jésus et des anges, a adopté la parthénogenèse comme une mode de reproduction asexuée. En effet, c’est un mode de reproduction monoparental comme l’autofécondation qui nécessite quant à elle l’intervention des deux gamètes, mâles et femelles, apportés par le même individu hermaphrodite.

« Il est l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création. Car en lui ont été créées toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, trônes, dignités, dominations, autorités. Tout a été créé par lui et pour lui. Il est avant toutes choses, et toutes choses subsistent en lui. » Colossiens 1:15-17

En effet, le genre existe en tout. Le masculin et le féminin sont constamment en action. Jéhovah, le Dieu créateur des Témoins de Jéhovah, est à la fois masculin et féminin. Pour preuve, il a créé Adam, le premier humain à son image, un hermaphrodite. Cependant, on cherche encore à savoir à quelle période de l’évolution de l’espèce humaine il s’est produit la différenciation des gonades.

« Dieu créa l’homme à son image […] il les créa homme et femme » Génèse 1:27.

Aussi évident qu’il soit, le sexe n’est que la manifestation du genre sur le plan physique. En effet, les deux genres coexistent en chacun de nous et s’équilibrent parfaitement l’un l’autre. Néanmoins, grâce à la cognition sociale collective, nous édifions des structures à la fois objectives et subjectives pour codifier nos comportements, réguler les relations avec autrui. En effet, aujourd’hui encore, ce que de nombreux travaux scientifiques semblent démontrer, c’est que le sexe représente un ensemble de données et non un seul élément permettant de considérer qu’on est soit mâle, soit femelle.

En effet, plus de 2% des naissances de la population mondiale est intersexe. C’est-à-dire des gens qui conservent les caractéristiques hermaphrodites de la création initiale de Jéhovah, qui possèdent à la fois les attributs masculins et féminins.

L’intersexe est un terme générique couvrant un large éventail de conditions anatomiques sexuelles, dérogeant aux systèmes d’identité de genre qui traditionnellement ignorent ou rejettent la non-binarité. Une appellation pour décrire les caractères sexuels biologiques d’un individu, notamment ses organes génitaux, ses gonades, ses taux d’hormones et ses chromosomes lorsque ces caractères ne correspondent pas aux définitions traditionnelles du sexe masculin ou féminin.

Cependant, le transgenre se réfère à une personne qui ne se reconnaît pas dans tout ou partie du genre qu’on lui a assigné à la naissance, mais qui ne ressent pas forcément pour autant le besoin de modifier son anatomie. Le transsexuel évoque une personne pour qui ses attributs sexuels ne correspondent pas à son identité, et qui a un fort besoin de modifier son corps, par exemple à travers une thérapie hormonale ou une chirurgie de réassignation sexuelle.

Ainsi, dans Matthieu 19:12, Jésus racontait avec empathie l’histoire des eunuques. La désolante situation des hommes qui ont été castrés soit à la naissance, soit par punition, ou pour investir un rôle important. Ce qui s’apparente à une opération transsexuelle, ou de l’intersexe pour les hommes qui sont nés ainsi. En effet, l’homme castré recevra un taux important d’hormones qui modifiera sa voix et sa pilosité, l’efféminement. Malheureusement, les Témoins de Jéhovah regroupent l’orientation sexuelle des intersexes, transgenres, transsexuels dans la catégorie des homosexuels.

« Mutiler les organes sexuels, comme l’ablation chirurgicale de l’organe masculin et la création d’un organe féminin artificiel, ne change pas les faits et ne fait pas de la personne le sexe opposé. Quelqu’un désirant être baptisé qui a déjà subi une opération mutilante de ce genre (un transsexuel) devrait prendre sa place dans la vie en accord avec ce qu’est biologiquement l’individu, pas en accord avec ce que la personne a été mutilée semble être. Cela peut même exiger que la personne quitte un « partenaire » avec lequel elle est « mariée », puisque le mutilé est en fait (biologiquement) du même sexe que le partenaire ».

Correspondence guidelines 2007 p.9

 Pendant ce temps, Las Salinas en République Dominicaine est reconnue internationalement comme une localité qui a une concentration extraordinaire de filles qui se transforment naturellement en garçons à 12 ans. Appelés güevedoces, ces enfants ont un type spécifique d’intersexualité. Les garçons, bien qu’ayant un chromosome XY, apparaissent femelles à la naissance. À la puberté, comme les autres garçons, ils reçoivent une deuxième poussée de testostérone. Cette fois, le corps réagit et ils font germer des muscles, des testicules et un pénis. Cette condition génétique est présente dans plus de 95% de famille de la zone. Par ailleurs, ce phénomène est aussi observé en Nouvelle-Guinée et en Turquie. The extraordinary case of the Guevedoces – BBC News

Cependant, l’organisation des Témoins de Jéhovah n’accepte pas que les gens naissent homosexuels, et enseigne que les désirs homosexuels sont un choix qui se développe, par exemple par la masturbation, et peut être surmonté. Une personne qui a des penchants homosexuels peut contrôler ce sur quoi elle permet à son esprit de s’attarder, tout comme elle contrôlerait tout autre mauvais désir, y compris les penchants pour la colère, l’adultère et la cupidité.

« Contrairement à ce que pensent beaucoup de gens, on ne naît pas homosexuel, on le devient. Un homosexuel a souvent commencé très jeune à se livrer à des attouchements des organes génitaux avec un partenaire, après quoi ils sont passés aux pratiques homosexuelles. »

La masturbation et l’homosexualité (jw.org)

« Certes, certaines personnes peuvent très bien être sujettes à l’homosexualité, tout comme certaines personnes sont, selon la Bible, sujettes à la colère.  Mais la Bible condamne toujours les manifestations de colère injuste.  De même, un chrétien ne peut pas excuser un comportement immoral en disant qu’il est né ainsi. »

D’où viennent ces penchants ? — BIBLIOTHÈQUE EN LIGNE Watchtower (jw.org)

Cependant, il est déplorable de constater que jusqu’à présent dans certaines sociétés, l’idéologie du genre, fondée sur une liberté mal comprise, cherche à s’imposer comme une pensée unique qui détermine même la pensée et le mouvement de la collectivité. Mais tout récemment, on a une nouvelle approche plus sociologique et non biologique sur les genres. Les nouvelles compréhensions des différenciations sexuelles ont permis une accentuation des libertés individuelles.

Ainsi, la bi-catégorisation des individus en hommes et en femmes n’est pas la simple reconnaissance d’une réalité naturelle évidente, mais le résultat d’une construction sociale susceptible de varier d’une société à l’autre et au cours de l’histoire. Désormais, le genre précède le sexe.

Par conséquent, la sexualité est comme une composante fondamentale de la personnalité, une de ses façons d’être, de se manifester, de communiquer avec les autres, de ressentir, d’exprimer et de vivre l’amour humain. Mais en tout, ce qui prévaut, c’est l’absolue liberté d’autodétermination et le choix circonstancié de chaque individu dans le contexte de la relation affective, quelle qu’elle soit.

« Les homosexuels sont mentalement dans les ténèbres et éloignés de la vie qui appartient à Dieu”.

L’homosexualité: est-ce vraiment une conduite si mauvaise? — BIBLIOTHÈQUE EN LIGNE Watchtower (jw.org)

Tout au long des ans, l’organisation des Témoins de Jéhovah a cultivé une aversion si intense envers l’homosexualité, et si impliquée dans la vie sexuelle des adeptes que même le cunnilingus et la sodomie pratiqués par les couples hétérosexuels mariés sont qualifiées d’obscènes et interdites. Les couples hétérosexuels mariés qui vantent leurs ébats « obscènes » sont menacés de retrait de privilège, et d’excommunication.

« Dès lors, même si l’un des époux imposait des perversions sexuelles, comme la sodomie ou la copulation orale, dans le cadre du mariage, cela ne constituerait pas un motif biblique de divorce qui pourrait donner droit à l’un ou à l’autre conjoint de se remarier*… Cependant, s’il devient notoire qu’un membre de la congrégation pratique ou recommande ouvertement des relations conjugales contre-nature, cet individu ne serait assurément plus irrépréhensible, et partant, il ne pourrait assumer aucun privilège spécial, comme la fonction d’ancien, de serviteur ministériel ou de pionnier. En pratiquant ou en encourageant de pareils actes, une telle personne pourrait même devenir passible d’exclusion. »

Tour de garde du 15 juin 1983 p.31

Fort de ce malheureux constat, on voudrait que chaque individu puisse choisir sa propre condition et que la société se limite à garantir ce droit. De cette façon, on en appelle à la reconnaissance publique de la liberté de choix du genre pour éviter de se développer des formes de discrimination sociale vis-à-vis des minorités. Actuellement, les états démocratiques encouragent les débats politiques pour la revendication de tels droits. Par ailleurs, ces droits ont été accueillis dans plusieurs documents internationaux et insérés dans certaines législations nationales, particulièrement la charte des Nations Unies.

Ainsi, les programmes d’éducation à la citoyenneté active et responsable doivent être encouragés afin que personne, à cause de ses conditions personnelles (handicap, race, religion, tendances affectives, etc.) ne puisse devenir l’objet de brimades, violences, insultes et discriminations injustes. Cette sensibilisation doit continuer à promouvoir « la dignité originelle de chaque homme et de chaque femme, qui ne peut être supprimée, qui ne peut être soumise à aucun pouvoir ni idéologie ».

Dans l’organisation des Témoins de Jéhovah, les homosexuels en sourdine sont obligés de refréner leur passion. Certains sont contraints à se marier avec une personne du sexe opposé pour sauver la face. En effet, Steeve Grandjean, un homosexuel et ex-Témoin de Jéhovah d’Haïti, a eu le courage de témoigner l’ostracisme et les sévices subis par ses pairs Témoins de Jéhovah.

« Quelqu’un qui a des penchants homosexuels peut rester maître de ce sur quoi ses pensées s’attardent, comme il se rendrait maître de n’importe quel autre mauvais désir, y compris la tendance à céder à la colère, à l’adultère ou à l’avidité. »

Que dit la Bible au sujet de l’homosexualité ? — BIBLIOTHÈQUE EN LIGNE Watchtower (jw.org)

Au-delà de tout réductionnisme idéologique ou de tout relativisme tendant à l’uniformisation, les humains sont appelés à transformer positivement les défis actuels en opportunités. En ces temps modernes, les Témoins de Jéhovah doivent parcourir les sentiers de l’écoute et de la raison. Ils ne peuvent pas continuer à ostraciser quelqu’un qui n’a pas choisi son orientation sur la base de leur fondamentalisme religieux. Même si l’orientation homosexuelle de la personne était un choix délibéré, l’enjeu est de contribuer à l’élévation de l’âme de la personne qui est intéressée par la réalité qui l’entoure, les besoins de sa sexualité.  

D’ailleurs, en enregistrant leur organisation auprès des instances étatiques, les Témoins de Jéhovah avaient promis que leur salle serait un milieu d’accompagnement discret et confidentiel, grâce à laquelle ils répondraient chaleureusement à ceux qui vivraient une situation complexe et douloureuse. En ce sens, la salle du Royaume devrait donc se proposer comme un lieu de confiance, ouvert et serein, surtout pour les cas qui nécessitent du temps et du discernement.

Malheureusement, il est largement reconnu que l’organisation des Témoins de Jéhovah est la dénomination chrétienne la plus radicale, la plus extrémiste qui banalise en grande partie la sexualité humaine. Une organisation qui refuse de reconnaître la valeur et la beauté de la différence sexuelle, de la parité, de la réciprocité biologique, fonctionnelle, psychologique et sociale.

Par ailleurs, en 2023, il est urgent de créer les conditions d’une écoute patiente et compréhensive, loin d’injustes discriminations. Ainsi, promouvoir une orientation sexuelle émancipée sans tenir compte de la réciprocité ni de la complémentarité de la relation homme-femme ainsi que de la finalité procréative de la sexualité.

Force est de constater, malgré leur programme de lavage de cerveau, plus de 8 000 enfants Témoins de Jéhovah, élevés dans un milieu hétérosexuel, sans contamination perverse avec le monde extérieur sont devenus homosexuels. En effet, le neveu de Stephen Lett, un responsable de l’organisation, Steeven s’est suicidé à cause des brimades reçues pour son orientation sexuelle. Nonobstant, les histoires poignantes de Steeve et Steeven ne représentent que la pointe de l’iceberg. Une grande majorité d’homosexuels de la salle du Royaume souffrent de dépression et du rejet social, surtout du rejet familial. Beaucoup se suicident chaque année en raison de la rhétorique homophobe sur le paradis promis qui leur est interdit, le sentiment de culpabilité et d’inutilité.

« Stephen Lett is my uncle! » – A conversation with Brandy Schmiedel – YouTube

Pour un parent Témoin de Jéhovah, élever un enfant homosexuel est le pire des châtiments. A bien des égards douloureux, c’est le commencement de la grande tribulation.

Par ailleurs, une manifestation est prévue devant la maison blanche le 31 octobre 2023 à 10h pour élever la voix contre l’ostracisme, les abus sexuels sur les enfants et l’homophobie.

Let Yourself Be Free In 2023 (befree2023.com)

References:

19_999_FRANCESE.pdf (educatio.va)

Jehovah’s Witness Watchtower doctrine regarding homosexuality – jw.org (jwfacts.com)

Lectures complémentaires

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